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Souffrir au travail est une notion récurrente dans le monde des RH. Il s’agit presque d’un lieu commun. Mais est-ce pour autant une fatalité ? Et si, en comprenant réellement ce qui se joue, nous tentions d’agir sur cette souffrance plutôt que de la subir? C’est une des pistes de réflexions positives que proposent Didier Goutman, consultant en stratégie et management RH et Juliette Allais, thérapeute et enseignante en psychogénéalogie.

Pourquoi la souffrance ?

La façon de ressentir la vie professionnelle résulte d’une rencontre entre une dimension intérieure et une dimension extérieure. Il n’existe donc pas une souffrance au travail mais plusieurs manifestations de souffrance au travail. Elle provient, d’une part, d’un héritage individuel en partie transmis par la famille dont découlent, par exemple, les choix professionnels, la perception de la place au travail ou encore la vision du travail. D’autre part, elle résulte d’une transmission collective dont on a pour preuve l’origine du mot « travail ». En effet, il est le fruit de l’héritage linguistique du mot latin « tripalium » désignant un instrument d’immobilisation et éventuellement de torture. Par ailleurs, l’héritage judéo-chrétien a influencé la culture française en véhiculant l’idée que le péché originel serait la cause de la pénibilité du travail. Enfin, sur le plan économique, le travailleur se trouve aujourd’hui face à une pression grandissante d’autant plus difficile à supporter qu’il a longtemps été baigné par l’illusion que le temps passé au travail diminuerait petit à petit au fil du temps. Ainsi, la représentation du travail n’est pas toujours positivée dans le contexte français.

 

Comment sortir de la souffrance ou l’éviter ?

Didier Goutman et Juliette Allais proposent dans un premier temps de modifier le regard porté sur la souffrance en cessant de la considérer comme une fatalité. Il s’agit en effet d’aborder cette souffrance comme un signal d’alarme, un indicateur signifiant qu’il est nécessaire de changer quelque chose dans une situation vécue. Cela va bien sûr de paire avec une évolution de la représentation du travail car il est impossible de trouver sa place quelque part sans en avoir une vision positive. Une vision qui passe notamment par la notion d’interaction qui nous rend interdépendants les uns des autres et permet de retrouver la notion d’utilité dans le travail. Il est également intéressant de se pencher sur la relation d’aliénation, de dépendance, créée par le rapport salarié-dirigeant. Un contrat de travail ne stipule pas, en effet, qu’un patron doit rendre heureux ses collaborateurs. Le contrat demeure une négociation, un échange que le salarié est libre d’accepter, de refuser et de rompre. Ainsi, le salarié redevient acteur et non plus victime. En étant indépendant et donc responsable des choix qu’il fait ou ne fait pas, l’individu peut alors ressentir la souffrance différemment.

En conclusion, la souffrance au travail, qui dépend de l’histoire personnelle de chacun, de l’héritage collectif mais également des réalités du monde professionnel, peut être transformée. En cessant de subir la souffrance, en la vivant comme un ressenti pouvant déboucher sur quelque chose de positif et non comme une situation inéluctable, chacun peut y trouver un sens et en tirer parti. Pour cela, il faut trouver sa place et accepter de changer. Cette conférence nous permet d’y voir plus clair sur les causes de la souffrance au travail et nous propose différentes options pour en sortir. Toutefois, les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à cette remise en cause personnelle et atteindre ces objectifs restent à trouver au fond de nous-mêmes via un travail de réflexion et d’actions (coaching, activités de développement personnel…). En effet, trouver en soi la créativité nécessaire au changement implique souvent des peurs à dépasser : c’est là tout le challenge. 

 

Auteurs de la conférence :

Juliette Allais est thérapeute et enseignante en psychogénéalogie. Sa pratique repose sur une approche pluridisciplinaire mêlant psychologie des profondeurs, analyse des rêves et étude du transgénérationnel.

Diplômé d’HEC, Didier Goutman est aujourd’hui consultant pour de grandes entreprises dans des domaines variés allant de la stratégie au marketing en passantpar la communication.