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S’ils n’impactent pas forcément les objectifs stratégiques de l’entreprise, les conflits internes récurrents nuisent à sa performance et, à ce titre, sont assimilables aux risques que représentent les accidents, la maladie, le burn-out ou la démission. Depuis environ trois ans, les entreprises privées ont de plus en plus souvent recours à des médiateurs externes pour résoudre les conflits au sein de leurs équipes. Le jeu en vaut-il la chandelle pour les DRH ?

Des situations courantes, mais handicapantes pour l’entreprise

Il existe de nombreuses sources et formes de conflits en entreprise. Plutôt que d’en dresser l’inventaire, intéressons-nous aux cas les plus courants, ceux qui font partie du vécu de presque toutes les organisations :

1. Le conflit entre deux collaborateurs
Au sein d’un même service, il est fréquent de voir deux collaborateurs exercer leur métier dans un esprit de compétition agressif plutôt que de saine émulation. Si elles évoluent dans des services différents, ces deux personnes peuvent être amenées à travailler ensemble sur un projet de façon récurrente, projet qui génère des motifs d’affrontement.
Le schéma le plus classique est celui d’une réunion dans laquelle ces collaborateurs expriment des points de vue contradictoires. En se reproduisant, la situation se bloque. Personne ne voulant céder, le différend perdure et met en danger la réalisation du projet ou de la mission.

2. Le conflit hiérarchique
Un climat de guerre permanent peut s’instaurer entre un ou plusieurs collaborateurs et leur N+1 : principales manifestations de ce confit, le supérieur voit ses compétences mises en doute, ou se voit reprocher un comportement harceleur.

 

Analyser le conflit, une compétence du DRH ?

De nombreux médiateurs considèrent l’analyse du conflit comme une part importante de leur travail. Les DRH, pourtant, disposent d’un excellent atout pour procéder eux-mêmes à cette analyse : l’ensemble des données dont ils disposent sur les collaborateurs et leur cycle de vie dans l’entreprise. Formation, sexe, âge, nationalité, ancienneté des collaborateurs, taux d’absentéisme individuel et par services, arrêts-maladies, turn-over… À l’heure où les SIRH permettent de recueillir un nombre toujours plus conséquent de data, il serait dommage de ne pas s’en servir pour analyser le contexte des conflits et en détecter l’origine. Combien de personnes quittent-elles la même équipe chaque année ? Combien d’arrêts-maladies dans un service donné ? Combien de demandes de mutation ? L’étude de ces données permet de se faire une idée plus précise de l’environnement de travail individuel des collaborateurs concernés. En outre, au-delà de la résolution du conflit, cette démarche ne peut que servir la valorisation du capital humain et l’optimisation du talent management

Quand le conflit s’envenime et que la situation se bloque, il est possible de faire appel à un médiateur externe. Mandaté et rémunéré par l’entreprise, neutre car extérieur à celle-ci, son rôle est de faciliter la reprise de dialogue et l’émergence de solutions pour mettre fin au conflit. La démarche n’est ni de convaincre, ni d’obtenir à tout prix des concessions, mais de comprendre la source des tensions et de déterminer comment les apaiser. Dans cet objectif, le médiateur échafaude une stratégie à partir d’entretiens réellement confidentiels et basés sur le volontariat.

Bien conduite, une médiation peut donner des résultats qui dépassent l’apaisement du conflit pour lequel elle a été mise en place. Au cours des entretiens nécessaires à la médiation, les collaborateurs et managers concernés ont l’opportunité de prendre du recul sur leurs modes de fonctionnement. Ils peuvent ainsi apprendre de leurs erreurs et éviter de les reproduire. Pour le DRH, la médiation comporte donc souvent une dimension préventive, dont le double bénéfice est de désamorcer d’éventuels conflits futurs et d’éliminer les risques psychosociaux associés.

Dernier point non négligeable pour les organisations, le coût d’une médiation s’avère plutôt compétitif au regard des résultats obtenus. S’échelonnant entre 1500 et 10 000 € selon le nombre et la durée des entretiens, en général sur une durée d’un à trois mois, une médiation impacte moins l’entreprise financièrement, par exemple, qu’une procédure judiciaire pour harcèlement.

 

La prévention avant la médiation

La plupart des médiateurs en conviennent, les entreprises font souvent appel à eux de façon tardive. Surtout, il existe dans nombre d’organisations un certain déni quant aux problèmes de légitimité ou de concurrence exacerbée à dessein par des managers avec la bénédiction de la direction. Entrer dans une logique de prévention, avant d’en arriver à recourir à un médiateur, implique de regarder ces éléments en face s’ils existent dans l’entreprise.

Prévenir la survenance des conflits demande, au fond, la même observation objective d’indicateurs et la même lucidité que pour les autres sujets entrant dans un programme de gestion globale des risques. Tout ce qui peut rendre les collaborateurs indisponibles pour l’entreprise représente un risque, et les conflits internes en font partie. Ils doivent donc être intégrés dans le programme de gestion des risques de l’entreprise : l’enjeu, pour certains DRH, sera d’en convaincre leur direction générale.

Une fois l’accord et le soutien de celle-ci obtenus, le DRH est logiquement appelé à collaborer étroitement avec le Risk Manager dans l’élaboration et la mise en place du programme de prévention des conflits. Cette collaboration permettra une identification des risques efficace grâce à l’application des outils de gestion des risques aux données détenues par le service Ressources Humaines. Il sera ainsi plus aisé de procéder à :
– l’établissement du contexte,
– un diagnostic des éléments susceptibles de générer des conflits tels que processus de communication en cours, QVT (qualité de vie au travail),
– l’analyse et le repérage des causes de conflit,
– l’évaluation du risque de conflits et du coût d’un conflit (heures de travail perdues, absences, remplacements éventuels…),
– l’élaboration de recommandations et la préparation d’un plan d’action.

Pour faire aboutir ce plan d’action, sensibiliser les responsables d’équipe à travers un programme de formation sur la gestion du relationnel est impératif. Les managers apprendront ainsi à identifier les signes annonciateurs de conflits, à encourager individuellement le succès des collaborateurs, à maîtriser les difficultés relationnelles… Savoir prévenir et gérer les conflits peut même devenir, sous l’impulsion du DRH, l’un des éléments à considérer lors de l’évaluation annuelle des managers.
Des données recueillies, notamment via un SIRH performant, à la présence d’un Risk Manager au sein de l’organisation, les DRH des grandes structures disposent de bons atouts pour analyser et prévenir les conflits. Si une médiation s’avère parfois très utile, elle ne saurait devenir une habitude ou un réflexe et devrait rester un recours ponctuel. Intégrer les conflits dans un programme global de gestion des risques et communiquer sur cette démarche auprès de tous les collaborateurs semble, à ce jour, la meilleure voie pour écarter ce risque, voire faire baisser le nombre d’absences et le turn-over. La réputation de l’entreprise et sa marque employeur ne peuvent qu’en ressortir consolidées.

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