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Je trouve gratifiant de pouvoir encourager les managers à envisager des profils atypiques, en réponse à la pénurie de talents et de compétences sur le marché. Il s’agit de bâtir un véritable partenariat avec la ligne managériale.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité. Dotée d'un troisième cycle en droit social, Faroudja Kicher entame son parcours professionnel en tant que spécialiste en droit du travail et relations sociales dans l’industrie et les services. Elle évolue rapidement vers un poste de DRH chez Lyonnaise des Eaux, une filiale du Groupe Suez, entre 2010 et 2013. Ensuite, Faroudja Kicher est nommée directrice des relations sociales chez SITA. En 2016, elle rejoint le Groupe Engie, occupant d'abord le poste de directrice des ressources humaines, puis celui de directrice global business services RH et transformation. Depuis 2023, elle est à la tête de la DRH de la division Energy Solutions Global Business Unit chez Engie, et également présidente du Club HR Digital Inside du Groupe RH&M. Portrait d’une leader qui s’est construite au fil des défis, engagée avec force et persévérance pour l’égalité des chances, une conviction qu’elle partage dans son livre “Pas la gueule de l’emploi”, co-écrit avec Lemjed Bouzekri. Son parcours témoigne de sa passion pour le développement des collaborateurs au cœur de structures d’envergure internationale.

 

Pourquoi les RH ?

Au début, je m’imaginais poursuivre une carrière dans le domaine juridique, avec l’objectif de devenir avocate ou juge. À cette époque, l’univers des ressources humaines, avec toute sa diversité de rôles, m’était inconnu, d’autant plus que ce domaine ne bénéficiait pas d’une large exposition médiatique. Mon parcours a pris un tournant lorsque j’ai eu l’opportunité de travailler en tant que juriste d’entreprise, spécialisée en droit du travail. Cette expérience m’a ouvert les portes du monde des RH, où j’ai rencontré de nombreux professionnels du secteur. Ma volonté était de contribuer à la fois à la croissance de l’entreprise et à l’épanouissement personnel des collaborateurs.

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

S’il y a une réalisation qui me tient particulièrement à cœur, c’est certainement ma toute première prise de fonction en tant que DRH. Dès mon arrivée, j’ai entrepris un audit pour évaluer l’état des lieux, une pratique que j’ai toujours jugée nécessaire. C’est lors de cette première évaluation que j’ai découvert l’absence d’un système de prévoyance pour les collaborateurs, en particulier en cas de décès.

J’ai immédiatement su que c’était un domaine nécessitant notre attention et notre action. Malgré les défis, notamment les coûts associés, j’ai déployé une grande énergie pour convaincre le comité de direction, les salariés et leurs représentants de l’importance d’un tel dispositif. C’était un projet d’envergure, mais je croyais fermement en son impact potentiel.

L’aboutissement de ce projet m’a été révélé de manière poignante après mon départ de l’entreprise. Un élu du personnel m’a contactée pour m’informer du décès d’un collaborateur que j’avais connu. Ce fut un moment émouvant quand il m’a confié que, grâce au système de prévoyance que nous avions mis en place, les enfants du défunt avaient reçu une rente qui leur permettait de poursuivre leurs études. Ce témoignage a renforcé ma fierté pour ce que nous avions accompli ensemble. C’est dans ces moments que l’on saisit l’étendue réelle de notre impact, au-delà des objectifs opérationnels.

 

Vous constatez une sorte de pénurie d’envie chez les managers actuellement ?

Je ne le constate pas dans mon quotidien professionnel puisqu’on ne va pas se mentir, le management reste une voie royale pour occuper des postes à forts enjeux. En revanche, je rencontre régulièrement des jeunes professionnels qui expriment, effectivement, une réelle diminution de l’intérêt pour les postes de management, malgré leur importance capitale dans l’entreprise. Et il faut continuer de valoriser ce rôle clé que jouent les managers, notamment dans le développement de leurs équipes. Je pense, entre autres, à ma rencontre avec un manager qui a joué un rôle déterminant dans l’évolution de ma carrière. Un manager a le pouvoir de changer une vie, en donnant confiance et en dépassant les barrières des croyances limitantes. Malgré mes propres doutes, ce manager a endossé ce rôle de mentor et m’a convaincue de mes capacités à diriger de grandes équipes et à gérer des budgets importants.

 

L’aspect de vos missions qui vous procure la plus grande satisfaction ?

Ma plus grande satisfaction découle de ma double capacité à challenger et à soutenir les managers dans leurs prises de décision. Le défi est de les encourager à être audacieux, à oser sortir des sentiers battus, surtout dans un contexte comme le recrutement où le conformisme et l’aversion au risque prédominent. Je trouve gratifiant de pouvoir encourager les managers à envisager des profils atypiques, en réponse à la pénurie de talents et de compétences sur le marché. Il s’agit de bâtir un véritable partenariat avec la ligne managériale.

 

Votre devise professionnelle ?

Je pense à une citation de Richard Branson que je trouve très juste : “Formez les gens suffisamment bien pour qu’ils puissent partir, traitez-les suffisamment bien pour qu’ils ne le veuillent pas.” J’en ai fait ma devise car elle incarne l’importance de prendre soin des collaborateurs et de leur développement.

Et j’en ai une autre également tout à fait personnelle : “La vie a beaucoup plus d’imagination que vous.” Je la cite souvent lorsque je rencontre des personnes qui peuvent se sentir découragées face aux obstacles de la vie, en particulier ceux d’ordre professionnel. Je les invite alors à rêver plus grand et à imaginer autrement. Cela m’a beaucoup aidé personnellement.

 

La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?

Ce que l’on reconnaît volontiers chez moi, c’est ma capacité à prendre des décisions rapidement. On me dit souvent que je ne perds pas de temps à trancher. Pourtant, cette rapidité d’exécution ne se fait pas au détriment de l’écoute : j’accorde une grande importance à l’écoute active et à la recherche de solutions équilibrées. Venant du domaine des relations sociales, où l’écoute active est primordiale pour éviter l’échec, j’ai appris à apprécier la nuance et à éviter les extrêmes. Dans un monde qui tend à privilégier les positions radicales, je reste convaincue de l’importance de trouver un juste milieu et de proposer des solutions qui respectent la complexité des situations.

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction de DRH ?

Je pense à la série “Borgen”, une série que j’affectionne et qui met en scène Birgitte Nyborg, la première femme à devenir Premier ministre au Danemark. Dès le début, elle énonce une vérité inspirante, surtout dans le contexte des ressources humaines : “tant en politique que dans la vie personnelle, il arrive que nous devions prendre des décisions qui ne nous enchantent guère”.

Cette réalité est palpable dans la fonction RH où des décisions difficiles, telles que la mise en œuvre d’un plan de licenciement ou la fermeture d’une filiale, sont parfois inévitables. L’important, c’est d’agir avec intégrité, empathie et d’adopter une vision tournée vers l’avenir.

 

Le DRH du futur selon vous ?

À mon sens, le DRH de demain se doit d’être un innovateur avec une conscience sociale, capable d’évoluer avec aisance dans le monde technologique tout en restant fidèle à ses principes éthiques.

C’est un dirigeant qui comprend l’importance des émotions dans les relations humaines et qui sait les intégrer dans le cadre professionnel, en reconnaissant que nos actions et nos décisions sont souvent influencées par nos sentiments. Il est également un catalyseur de changement culturel au sein de son organisation et doit s’assurer que les transformations adoptées soient durables et bien ancrées.

 

Bio :

  • Depuis 2023 : Chief Human Resources Officer – Energy Solutions Global Business Unit chez Engie
  • Depuis 2022 : Présidente HR Digital Inside chez Groupe RH&M
  • De 2018 à 2023 : Global HR Services Director & CHRO – Engie Global Business Support chez Engie
  • De 2016 à 2018 : Human Resources and Communication Director chez Suez
  • De 2013 à 2016 : Director of Labor Relations and Corporate Social Responsibility – SITA chez Suez
  • De 2010 à 2013 : Chief Human Resources Officer chez Suez
Fonction RH Management