Le digital learning c’est plus qu’un module e-learning “déposé” dans un LMS comme on laisse une brochure sur une étagère.
Et pourtant… combien de contenus finissent ignorés, sous-utilisés, ou carrément abandonnés ?
Le problème n’est pas (seulement) le contenu.
Le vrai sujet, c’est l’absence de méthode. Sans cadrage, sans stratégie d’engagement, sans vision pédagogique claire, même la meilleure intention devient un écran vide.
Pour éviter ça, il existe une boussole : l’ingénierie pédagogique.
Cadrer, concevoir, tester, déployer, évaluer : tout est là pour transformer une idée en expérience d’apprentissage utile, engageante, mesurable.
Dans cet article, on décortique les 7 étapes clés pour réussir un projet dispositif digital learning, sans tomber dans les pièges classiques.
1. Cadrer le projet et sélectionner le bon partenaire
Tout projet de formation performant commence par une phase de cadrage rigoureuse. Il s’agit ici de confirmer le périmètre du besoin, de définir les objectifs pédagogiques en lien avec les enjeux métiers, et de tenir compte des spécificités organisationnelles (format, public cible, contraintes logistiques, langues, etc.).
La rédaction du cahier des charges (Request for Proposal – RFP) est une étape déterminante. Elle doit être à la fois claire, opérationnelle et suffisamment ouverte pour permettre à des prestataires de proposer des approches pertinentes.
Votre checklist pour choisir le bon prestataire :
- Capacité à comprendre votre contexte et vos enjeux métiers
- Qualité des références et retours clients
- Créativité pédagogique et adaptabilité des formats
- Maîtrise technique (LMS, outils auteurs, gestion des langues)
- Intégration des dimensions UX et engagement des apprenants
Un bon choix dès cette étape permet de sécuriser la suite du projet.
2. Concevoir une expérience d’apprentissage engageante (Design)
La phase de design est celle où se construit le scénario d’apprentissage. Il ne s’agit pas seulement de structurer des contenus, mais bien de penser une progression pédagogique cohérente, adaptée aux niveaux des apprenants et à leurs usages quotidiens.
On définit ici :
- Les séquences pédagogiques (storyline)
- Le bon niveau d’ancrage des contenus (savoirs, savoir-faire, savoir-être)
- Les cas d’usage ou exemples proches du terrain
- L’univers graphique (identité visuelle, tonalité)
- Les mécaniques d’engagement (interactions, gamification, feedbacks)
Le design doit rester centré sur l’utilisateur final : ses attentes, ses freins, ses leviers de motivation. C’est ici que se joue l’adhésion à la formation.
3. Produire, tester et ajuster les contenus (Build)
Une fois le scénario d’apprentissage validé, place à la phase de production. C’est ici que le projet prend vie, avec la création des contenus pédagogiques : storyboards, modules e-learning interactifs, vidéos, quiz, simulations, podcasts… Cette étape nécessite une coordination fine entre les experts métiers, les concepteurs pédagogiques et les équipes techniques.
Au-delà de la simple production de supports, il s’agit de construire un fil conducteur clair et cohérent, qui guide l’apprenant tout au long de son parcours. Ce fil rouge doit permettre de maintenir l’attention, de favoriser la progression pédagogique, et de créer une logique d’apprentissage fluide et motivante. Il s’incarne dans le ton, le rythme, la voix narrative ou encore la structure modulaire des séquences.
Vos bonnes pratiques pour réussir :
- Intégrer des éléments de reconnaissance (certificats, badges, étoiles) pour valoriser les efforts
- Adapter la production en fonction des formats (un contenu textuel est plus facile à traduire qu’une vidéo sous-titrée)
- Prévisualiser les modules en conditions réelles pour tester l’UX et ajuster l’ergonomie
Une attention particulière doit être portée à la qualité technique, mais aussi à la cohérence pédagogique du dispositif avant toute diffusion.
4. Tester et affiner avant le lancement (Pilot)
Cette étape est optionnelle, mais recommandée dès que l’audience est large ou hétérogène. Un pilote permet d’observer les premiers usages, de recueillir des retours à chaud et de corriger les éventuelles zones de friction.
C’est également un levier précieux pour embarquer les relais internes, tester l’accompagnement au changement et ajuster les messages de communication
5. Déployer le dispositif digital learning et accompagner son adoption (Launch & Run)
Une fois les contenus finalisés, la phase de déploiement s’ouvre. Elle comprend :
- Le choix des langues cibles (et les outils de traduction adaptés selon les types de contenu)
- Le test et l’intégration dans le LMS (selon le type de contenu)
- La préparation de supports de communication clairs, engageants et accessibles
- Le pilotage opérationnel du déploiement (planning, cibles, suivi)
Cette étape ne se résume pas à un « go live » : elle implique un pilotage actif, une écoute des retours et des actions correctives si nécessaire.
Les pièges à éviter :
- Sous-estimer la communication interne : une formation, même de grande qualité, peut passer inaperçue sans un dispositif de lancement structuré et relayé (teasing, mailings, intranet, webinaires de présentation).
- Lancer sans tester : ne pas prévoir de tests finaux en conditions réelles avant le déploiement peut entraîner des bugs techniques, une mauvaise UX ou une incompréhension des consignes.
- Négliger le suivi post-lancement : l’absence de pilotage dans les premières semaines peut générer une perte d’engagement ou un manque de réactivité face aux obstacles rencontrés.
En gardant ces écueils à l’esprit et en y répondant dès la phase de préparation, les chances de réussite du déploiement sont largement renforcées.
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6. Mesurer l’impact et faire évoluer le dispositif (Évaluation)
L’évaluation est trop souvent négligée, alors qu’elle est clé pour mesurer l’efficacité réelle d’un dispositif.
Avec le e-learning, de nombreuses données quantitatives sont facilement accessibles et exploitables : taux de complétion, temps passé sur les modules, fréquence de connexion, taux de réussite aux quiz, ou encore progression individuelle. Ces indicateurs offrent un premier niveau de lecture objectif, particulièrement utile pour identifier les points de friction, les parcours abandonnés ou les séquences sous-utilisées.
Elle peut se faire à chaud (à l’issue de la formation), mais aussi à froid, à 3 ou 6 mois, pour mesurer le transfert réel des apprentissages.
L’échelle de Kirkpatrick est une méthode éprouvée pour structurer cette évaluation :
- Réaction : satisfaction des participants
- Apprentissage : acquisition de connaissances/compétences
- Comportement : mise en pratique dans le quotidien
- Résultats : impact sur la performance ou les objectifs organisationnels
Un questionnaire structuré, combiné à des entretiens ou observations, permet de tirer des enseignements utiles pour ajuster ou répliquer la formation.
7. Sécuriser les dimensions transverses : engagement et conduite du changement
Enfin, tout au long du projet, l’engagement des parties prenantes et l’accompagnement au changement doivent être présents. Il s’agit de créer une dynamique d’adhésion, de valoriser les relais internes, d’outiller les managers pour qu’ils soutiennent la formation et d’intégrer la formation dans une logique plus globale de transformation.
Former vite et bien : mission possible
Chez un acteur du secteur de l’habitat, l’objectif était clair : accompagner le déploiement d’un nouveau module de gestion des talents et des compétences. Mais rapidement, un autre défi est apparu : comment former efficacement des managers très sollicités, sans alourdir leur agenda déjà bien chargé ?
Nous avons fait le choix du micro-learning ciblé.
Chaque fonctionnalité clé de l’outil a été traduite en une capsule vidéo courte (1 à 1 min 30), claire, accessible, directement intégrée dans l’environnement de travail. Le tout pensé pour répondre aux usages réels, sans détour ni surcharge.
Résultat ?
Un dispositif agile, parfaitement aligné sur les contraintes terrain, qui a favorisé une appropriation rapide de l’outil et une conduite du changement accélérée.
Un dispositif digital learning réussi, ce n’est pas un joli module avec trois quiz.
C’est un parcours pensé de bout en bout avec de formats variés, qui capte l’attention, transmet l’essentiel et donne envie d’appliquer.
Cadrage, design, production, déploiement, évaluation : chaque étape compte.
Et avec une vraie méthode pédagogique, on passe d’un contenu « consommé » à une expérience qui engage, transforme, et sert une dynamique plus large de montée en compétences.
Car au fond, l’enjeu n’est pas de faire du digital learning… mais bien de créer de la valeur. Pour les apprenants, pour les managers, pour l’organisation.