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Innovation publique

Entre l’avènement des approches clients, le déficit d’attractivité et de confiance dans les acteurs institutionnels et l’impératif d’exemplarité à l’ère de la “start-up nation”, le service public n’a plus le choix : il doit se moderniser.

Aux marqueurs de l’innovation de la société civile que sont la révolution numérique, l’ubérisation ou la montée en puissance de l’économie circulaire, répondent dans la sphère professionnelle pléthore de programmes de transformation digitale, organisationnelle, managériale… et parfois même, tout à la fois, avec comme mot d’ordre : l’innovation.

“ Le progrès est mort, vive l’Innovation ! ” 

 

Aux marqueurs de l’innovation de la société civile que sont la révolution numérique, l’ubérisation ou la montée en puissance de l’économie circulaire, répondent dans la sphère professionnelle pléthore de programmes de transformation digitale, organisationnelle, managériale… et parfois même, tout à la fois, avec comme mot d’ordre : l’innovation.

C’est ainsi qu’ont fleuri les incubateurs, labs, hubs, licornes, modes projet, modes agiles et programmes d’intrapreneuriat au gré de la transformation des organisations privées comme publiques. Or, l’innovation est protéiforme, d’où la difficulté à bien la définir et à en parler génériquement. Si l’Insee la définit selon 4 aspects (l’innovation de produit, de procédé, d’organisation et de marketing), nous préférons ici une approche selon deux angles :

  • l’innovation de fond, assimilée au progrès technique, qui a une réalité physique ou organisationnelle.
  • l’innovation de forme, culturelle et diffuse, incarnée dans le langage ou les relations interpersonnelles qui ne sont pas strictement dictées par les organigrammes ou des process.

 

Pourtant, on remarque une inflexion du discours sur l’innovation. Car si celle-ci est sur toutes les lèvres, il semble que, dans les faits, elle ne soit pas si facile à mettre en place que cela. En effet : 

  • Entre 60% et 90% des start-ups finissent par mettre la clef sous la porte. 
  • Seuls 6% des dirigeants d’entreprise se disent satisfaits de leurs résultats en matière d’innovation.
  • Seulement 14% des salariés estiment bénéficier d’un accompagnement adapté en matière d’innovation. 

Aussi faut-il s’interroger sur le sens de l’innovation et ses écueils. Et si ces statistiques concernent les organisations privés – pour qui le droit à l’erreur est affiché comme valeur – qu’en est-il dans le secteur public ? Où en est-on en termes d’innovation publique, thématique chère aux politiques ? Quels sont les freins à celle-ci ? Et, au contraire, ses facteurs clés de succès ? 

 

“Objectif innovation” : les limites de l’injonction à innover 

 

La course à l’innovation se heurte à trois grandes limites. 

  1. L’innovation ne se décrète pas a priori. Il y a en effet un paradoxe à poser l’innovation comme mot d’ordre ou objectif à atteindre : on ne peut nommer les choses que rétrospectivement. Comme l’explique Timothy Morton dans La Pensée écologique : “personne au XIIIème siècle ne s’est dit : « faisons la Renaissance (…). Nous nous retournons sur ce moment (…) quelques siècles plus tard et nous l’appelons Renaissance ». Il en va de même avec l’innovation. Il existe une difficulté intrinsèque à provoquer consciemment quelque chose dont on pourra seulement dire après coup si c’était une innovation.
  2. L’innovation est incertaine. De même, alors que les développements récents en intelligence artificielle cherchent à rendre le futur le plus prédictible possible, certains ingénieurs réaffirment le rôle de l’incertitude dans la recherche et les processus d’innovation. Comme le souligne Rodolphe Krawczyk : “en termes de recherche, la découverte d’une « pépite » [est] un phénomène le plus souvent aléatoire.”En témoigne l’invention du micro-ondes !
  3. Les impératifs du secteur public ne sont pas les impératifs de l’innovation privée. Longtemps les organisations publiques n’ont pas eu à se soucier de l’innovation dans les mêmes termes que les organisations privées. En cause : leur mission de service public, qui trouve une continuité hors des logiques marchandes et de progrès technique, ainsi que leur situation de monopole sur des activités bien déterminées. Si les innovations de fond ont souvent été intégrées, les innovations de forme ont, pour leur part, été en berne. Cela s’explique notamment par le fait que le temps de l’innovation de fond n’est pas le temps de l’innovation de forme. Là où quelques mois peuvent suffire pour concevoir un nouveau produit, qui devient immédiatement disponible dès qu’il existe, le changement de culture est plus long et nécessite un travail et un engagement de longue haleine. 

 

Malgré tout, il existe des clés de réconciliation

 

On assiste à un changement de paradigme. Entre l’avènement des approches clients, le déficit d’attractivité et de confiance dans les acteurs institutionnels et l’impératif d’exemplarité à l’ère de la “start-up nation”, le service public n’a plus le choix : il doit se moderniser. 

Le danger est alors celui de l’usine à gaz, de l’innovation-valise déconnectée, hors sol. Comment s’en prévenir ? Nos consultants vous livrent leur guide pratique, fruit d’un travail d’observation de terrain :

  • Affranchissez-vous du culte de l’innovation. Placez l’innovation comme moyen au service de la mission des acteurs intéressés, pas comme une fin
  • Posez-vous la question du sens de la transformation. Interrogez-vous sur l’objectif réellement poursuivi, les dimensions prioritaires, les bénéficiaires ciblés, les problématiques adressées. 
  • Qualifiez les « nouvelles tendances », adoptez une approche « contenu » de la transformation et pas uniquement « discours ». Investiguez les termes employés, leur résonance dans la culture de l’organisation, plutôt que d’opérer des transvasements de langage. 
  • Cherchez à comprendre les facteurs de succès et facteurs de résistance de votre organisation. Partez de la réalité du terrain pour garantir la cohérence et la crédibilité en interne des démarches d’innovation, soyez attentif aux signaux faibles et aux usages réels des « clients » internes ou externes
  • Assurez l’engagement des porteurs de projets. Adaptez votre niveau de sponsoring à vos ambitions, et accordez aux acteurs de l’innovation la place, le temps et les moyens nécessaires à leur mission.
  • Définissez le maillage et les parties prenantes. Les démarches de co-construction sont cruciales ! Constituez les réseaux de « capteurs », d’ambassadeurs et de contributeurs pour vous réinventer au bon moment et surtout en répondant à la bonne question. Pour ce faire, explorez les partenariats possibles
  • Assurez le « service après-vente » de l’innovation. Il est crucial d’assurer la continuité entre des temporalités distinctes : le temps de l’innovation « produit » n’est pas le temps de l’innovation « usage ». 

 

Chez ConvictionsRH, nous croyons que l’innovation a sa place dans les organisations publiques. À condition, bien-sûr de ne pas copier sur le voisin, surtout si l’énoncé du problème n’est pas le même. Sans quoi l’innovation des uns risque d’être la transformation (ratée) des autres.

Découvrez nos offres pour vous accompagner dans cette mue et vos projets d’innovation. 

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