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Le DRH du futur doit être un leader, reconnu pour ses valeurs, son agilité, sa compréhension et son ouverture.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité.

Avant de rejoindre les RH dès 2009, Mathilde Le Coz débute sa carrière chez Mazars en 2004, dans un rôle d’auditrice financière qui fait écho à son parcours en école de commerce. Elle crée, par la suite, le poste de Directrice de l’Innovation dans ce même cabinet, jusqu’à devenir DRH de Mazars en 2021. Mathilde Le Coz préside également Le Lab RH depuis 2 ans. Portrait d’une DRH résolument tournée vers l’avenir, qui prend plaisir à analyser les tendances de la profession, avec une vision audacieuse et avant-gardiste.

 

Pourquoi les RH ?

Au départ, je n’envisageais pas du tout de me diriger vers la fonction RH. J’y suis arrivée un peu par hasard grâce à une opportunité professionnelle, quelques années après mes débuts chez Mazars. J’ai d’abord occupé le poste d’auditrice financière après mon parcours en école de commerce. À l’époque, je me souviens avoir suivi des cours de RH que j’appréciais déjà. Je m’étais rapidement dit que les RH n’étaient pas un métier de débutant. J’imaginais mal que l’on puisse l’exercer dès la sortie de l’école. Après quelques années passées au poste d’auditrice financière, on m’a proposé de rejoindre la direction RH pour une création de poste. Je faisais déjà un certain nombre de missions RH en tant qu’opérationnel. J’y suis allée par curiosité parce que j’ai senti que j’allais progresser et développer de nouvelles compétences. Je ne pensais vraiment pas que j’allais atteindre le statut de DRH. Je suis passée par différentes étapes et aujourd’hui, je me dis que c’est l’un des plus beaux métiers du monde. 

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

Ma plus grande fierté, c’est la manière dont les équipes RH de Mazars sont perçues en dehors de l’entreprise. Le cabinet bénéficie d’une aura d’excellence sur le marché, avec des équipes jeunes, audacieuses et bien formées. Je reçois beaucoup de retours d’anciens collaborateurs ou de personnes en lien avec le cabinet qui se disent surpris par le niveau élevé des équipes. Je suis fière de la façon dont nous avons su transmettre cette culture et porter ces valeurs, ainsi que de l’employabilité que nous avons su créer avec l’équipe RH.

 

Un événement qui vous a marqué dans votre vie professionnelle ?

J’aime bien raconter un moment clé de mon parcours. C’était en 2012, cela faisait 3 ans que j’avais rejoint la fonction RH et je pensais en avoir fait le tour. J’étais atteinte par la mauvaise image dont souffre la profession. Je perdais de vue le sens de mes actions et n’étais pas vraiment en phase avec la façon de l’exercer. J’avais des envies de départ et je comptais me lancer dans l’entrepreneuriat pour monter ma propre structure. C’est à ce moment précis que j’ai ressenti un changement d’état d’esprit. Je pense avoir véritablement lâché prise sur l’image que je pouvais renvoyer et sur ma peur de prendre des initiatives. Je me suis dit que pour ma dernière mission, j’allais prendre du plaisir et donner vie à mes idées.

En effet, on m’avait confié un projet de réaménagement de l’immobilier chez Mazars. Je pense que l’on n’attendait pas d’innovations particulières de ma part. J’ai pourtant décidé de mettre des actions novatrices en place. Aujourd’hui, on parle de learning expedition, d’intelligence collective, de design thinking mais ces termes n’existaient pas encore à l’époque. Alors que je pensais effectuer ma dernière mission chez Mazars, le projet a finalement été une belle réussite. A la fin de l’année, j’ai même eu la chance de créer l’innovation RH et mon poste par la même occasion. On m’a donné la liberté d’exercer la profession pour transformer la fonction RH. Pendant les dix années qui ont suivi, j’ai pu réaliser d’autres projets. C’est en partie pour cela que les ressources humaines ont un positionnement si particulier chez Mazars. Nous avions l’idée de faire de la RH une fonction centrale au service des autres.

Après cette expérience, j’ai décidé de soigner tout particulièrement l’offboarding de mes collaborateurs. Lorsque l’un d’entre eux a des envies de départ, je lui réponds que le sujet n’est pas de savoir s’il va partir ou non mais plutôt si nous allons lui donner suffisamment de bonnes raisons de rester. L’essentiel est de savoir s’il a trouvé ses bons moteurs pour faire le choix de rester. Ce moment où je pensais partir m’avait en quelque sorte libérée. Cela a vraiment marqué un tournant dans ma carrière et dans ma façon d’assumer mes fonctions. Dès lors, je me suis autorisée à être pleinement moi-même.

On a souvent tendance à porter des masques au bureau et à ne pas se montrer tel que l’on est réellement. Je pense que c’est quelque chose qui peut être bloquant et qui peut nous freiner dans notre évolution. Ce changement d’état d’esprit interne a été l’élément déclencheur qui m’a permis d’appréhender les choses différemment. Je suis partisane du lâcher prise qui est un excellent moyen de se réengager dans un projet, une mission ou une fonction. Il nous aide à prendre le recul nécessaire.

 

Votre pain noir et votre pain blanc de décideur RH ? 

J’aime le fait que ce métier requiert de se battre pour ses convictions, en particulier humaines. Je trouve que ce métier a du sens dans la manière dont je l’exerce aujourd’hui. J’adore être DRH et suis fière d’occuper ce rôle. En revanche, je n’ai jamais fait de choix de cheminement de carrière pour en arriver là. J’ai simplement saisi l’opportunité qui s’est présentée sur ma route. Dans les moments difficiles, je me dis que j’ai de la chance de faire ce métier, cela me motive.

Concernant mon pain noir, je dirais que c’est un métier très difficile, notamment parce qu’en règle générale, on ne gère que les problèmes. C’est un métier où l’on entend seulement les éternels insatisfaits. Certains peuvent se dire que c’est normal de mener toutes nos actions de front mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas facile de devoir toujours avoir la bonne attitude et de l’enthousiasme lorsque l’on doit régler les problèmes des autres. On attend de cette fonction qu’elle s’occupe des autres mais personne ne se préoccupe d’elle. C’est un peu mon pain noir parce que la bienveillance que je m’applique à donner à tous, j’aimerais bien parfois qu’elle soit appliquée en retour à la fonction. 

 

Quelle serait votre devise professionnelle ?

Mieux vaut demander pardon que de demander la permission.” Je tente d’appliquer cet adage au quotidien pour ne plus avoir peur de prendre des risques. Quand on prend des risques, il faut les assumer et prendre ses responsabilités. Je pense que cette façon de faire contribue à avoir ce positionnement assez disrupteur et audacieux, chez Mazars. Mes équipes savent qu’elles peuvent prendre des initiatives sans pour autant jouer les kamikazes… Cela permet d’atténuer l’aversion au risque qui peut largement freiner les ambitions de la profession RH. Je me réfère, bien sûr, aux experts juridiques et sociaux qui m’indiquent les risques encourus à mener une action. Je les questionne sur l’amplitude du risque, avant de prendre une décision. Globalement, je me vois un peu comme une coach d’équipe sportive, dont la principale mission serait de composer les meilleures défenses et les meilleures attaques, en fonction de nos enjeux business.

 

Le défaut que vous essayez de cacher ?

J’ai tendance à prendre les choses trop personnellement. J’en ai conscience et je sais qu’il faut savoir dissocier la personne de la fonction. Les RH incarnent un peu ce vilain petit canard et se retrouvent souvent mises en porte-à-faux. De mon côté, j’ai beaucoup de mal à faire la part des choses car je mets beaucoup de cœur et d’énergie dans les projets. Ce sont souvent mes idées, des convictions auxquelles je crois fermement. Quand les choses ne fonctionnent pas comme je l’espérais, cela va m’atteindre. J’essaie de le cacher mais je ne sais pas si je le cache vraiment. Je ne suis pas susceptible car mon entourage dit de moi que je me remets toujours en cause. Quand quelque chose ne va pas dans les actions RH, je me dis que c’est de ma responsabilité et que je ne suis pas appréciée. Je suis d’une nature très empathique donc très en lien avec ses émotions. Comme mon prédécesseur me disait : “on ne peut pas se changer mais on peut s’apprivoiser.” J’essaie d’apprendre à mieux gérer cela.

 

La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ? 

Je pense que certains mettraient en avant mon enthousiasme et mon optimisme car je vois souvent la coupe à moitié pleine. Je préfère voir les qualités des gens avant leurs défauts. D’ailleurs, mon hypothèse est que l’optimisme est un trait de personnalité. Je pense que l’on naît optimiste ou pessimiste. Je me dis donc que j’ai de la chance d’être née optimiste car cela aide beaucoup à voir les choses positivement, à relativiser pour continuer à avancer, malgré les difficultés et les obstacles.

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?

Comme je suis une grande fan de science-fiction, je pense à Star Wars. Un personnage me vient immédiatement à l’esprit, il s’agit de maître Yoda. J’imagine un justicier pour incarner la fonction RH, doté d’une grande sagesse. Je suis encore jeune et je sais que c’est un sujet sur lequel je dois encore travailler. Le sang-froid et la prise de recul sont des qualités clé dans les organisations. J’ai aussi les défauts de ma jeunesse. Je suis impatiente et je veux que les choses aillent vite. Je pense que la patience s’acquiert avec l’expérience et ce sera une bonne chose car je sens que la fonction RH a besoin d’être apaisée pour faire passer ses messages.

 

La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?

Selon moi, un bon décideur est celui qui écoute d’abord. Je pense que le décideur qui ne demande jamais l’avis d’autrui, ni de ses pairs ou de son entourage, augmente le risque de prendre de mauvaises décisions. Le meilleur décideur est celui qui a des doutes mais qui sait les dépasser. Je crois beaucoup au doute. Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était un problème lié au syndrome de l’imposteur. Aujourd’hui, je me rends compte que c’est une vraie force et que cela contribue à développer des qualités humaines telles que l’humilité et la capacité à se remettre en cause. Je pense qu’il faut écouter ses doutes sans se laisser paralyser par ces derniers. À mon sens, l’excellent décisionnaire doit savoir se confronter aux avis des autres avant de trancher.

 

Votre truc pour motiver vos troupes ?

Je leur dis que c’est la « best team ever » et je le pense vraiment. Je me rends compte que ce qui motive particulièrement, c’est de partager un rêve, une vision de ce que l’on souhaite réaliser. D’un point de vue RH, c’est ce que l’on essaie de construire. Le fait de créer quelque chose de nouveau réussit à embarquer, généralement. Je m’appuie beaucoup sur mon équipe qui a mon entière confiance. Je suis reconnue comme étant très participative avec mes collaborateurs en leur laissant beaucoup d’autonomie et de liberté d’agir. Je me repose aussi beaucoup sur leurs idées et leurs propositions. Je constate que cela les motive et les rend fiers.

 

Le collaborateur idéal ?

Le collaborateur idéal, selon moi, est celui qui porte des valeurs humaines. C’est le plus important car cela va permettre de construire un lien de confiance. Je dirais un collaborateur capable de beaucoup donner car, plus on donne, mieux on reçoit. J’attends que mes collaborateurs soient dans la confiance, dans l’écoute, dans le non-jugement et dans la bienveillance. À côté de cela, je peux leur pardonner beaucoup de choses mais sur les valeurs humaines, je suis plus intransigeante. Par ailleurs, des qualités telles que l’apprentissage, la rapidité, la capacité de prise d’initiative dépendent de la personne. Elles se travaillent et certains profils évolueront peut-être plus rapidement que d’autres. Je ne suis pas du tout élitiste. En revanche, je suis très exigeante quant aux valeurs et aux postures.

 

Le DRH du futur selon vous ?

Selon moi, le DRH du futur restera le même qu’aujourd’hui. En revanche, il évoluera dans un univers très différent car toutes ses armes, ses leviers et ressources seront amenés à changer. Il est difficile de prédire comment. C’est aussi un DRH qui sait vivre avec son temps et qui sait se réinventer en permanence, comprendre l’époque dans laquelle il officie pour mieux s’armer. Je pense à la technologie, mais également à un état d’esprit qui vise à épouser positivement le changement car je pense que beaucoup d’innovations vont voir le jour. Enfin, le DRH du futur doit être un leader, reconnu pour ses valeurs, son agilité, sa compréhension et son ouverture.

 

Si c’était à refaire, les RH encore et toujours ?

Oui, si c’était à refaire, je réaliserais le même parcours sans hésiter. Je ne commencerais pas tout de suite par la fonction RH même si je sais qu’aujourd’hui, je m’y plais bien. Je ne sais pas ce qu’il en sera demain. Une chose est sûre :  j’aime bien la manière dont je conçois ma mission chez Mazars. Toutes mes expériences passées ont contribué à façonner la DRH que je suis aujourd’hui. 

 

Bio

  • Depuis 2021 : Directrice des Ressources Humaines de Mazars en France
  • Depuis juillet 2021 : Présidente du Lab RH
  • Depuis 2019 : Membre du conseil d’administration du Lab RH
  • 2018-2021 : Directrice Recrutement et Développement des talents & innovation RH de Mazars
  • 2017-2018 : Directrice du Développement des Talents & innovation RH de Mazars
  • 2014-2017 : Directrice de l’innovation RH de Mazars
  • 2009-2014 : Responsable de la Gestion de Carrière de Mazars
  • 2004-2009 : Auditrice financière de Mazars
  • 2001-2004 : Master en Management, Audit financier – NEOMA Business School

 

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