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A mes yeux, l'excellent décideur RH construit une feuille de route à long terme (avec ses collègues du Comex) et porte une vision ; sa propre vision. Il sait travailler de manière collaborative, car il considère que son rôle ne peut être efficace sans intelligence collective.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité.

En 1997, Caroline Nancy obtient son diplôme d’Etat de psychologue, spécialisé en ressources humaines, à l’Ecole de Psychologues Praticiens. Elle débute sa carrière en tant que responsable du recrutement du Crédit Agricole Consumer Finance. En 1999, elle quitte la France et travaille comme consultante en recrutement et en formation à la CCI Franco-Argentine, à Buenos Aires. En 2002, de retour dans l’Hexagone, elle devient responsable du recrutement et des carrières du groupe Pierre Fabre, à Toulouse. Elle occupe ensuite le poste de responsable RH de PwC, à Paris, avant de devenir DRH des activités Expertise Comptable, puis Audit. Depuis 2017, elle est DRH du groupe Scalian. Portrait d’une décideuse passionnée par son rôle de “servant leader”.

 

Pourquoi les RH ?

J’ai suivi des études de psychologie, avec l’objectif de travailler avec les enfants. Au fil du temps et de mes stages, j’ai toutefois réalisé que j’aimais davantage évoluer dans le milieu de l’entreprise. Lors de mes études, j’ai surtout apprécié ce qui concerne les relations humaines de manière générale : comprendre la complexité des individus (et des organisations), les aider à évoluer et à grandir, les soutenir. Comme le milieu de l’entreprise me correspondait mieux que celui de la santé et du social, j’ai choisi de me spécialiser en psychologie du travail, dans le domaine des ressources humaines. 

J’aime aussi faire bouger les choses. C’est pourquoi j’ai été attirée par les RH, qui sont au cœur du fonctionnement et de la performance des entreprises. Si je n’avais pas travaillé dans les ressources humaines, je serais peut-être devenue psychologue thérapeute, ou je me serais orientée vers les métiers du droit, comme avocate ou magistrate. Les RH ont un lien avec le droit, car il y a dans ce domaine un aspect de défense et de justice sociale, ainsi que la nécessité de comprendre la nature humaine.

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

Actuellement, je suis en train de mener un projet très gratifiant au sein de Scalian. Depuis que je suis arrivée dans l’entreprise il y a 5 ans, j’ai contribué, avec mon équipe, à donner une légitimité au domaine des ressources humaines. Ce secteur n’était pas très développé dans cette entreprise de services numériques. Nous avons créé un dispositif solide et mature. Cette crédibilité que nous avons réussi à construire nous a permis d’avoir plus de moyens, et de créer davantage d’impact sur le plan social. 

J’apprécie particulièrement lorsque certains managers, là depuis plusieurs années, me disent qu’ils ont vu les changements positifs que nous avons apportés, et qu’ils trouvent que ces changements apportent de la valeur. Je suis également ravie de constater la satisfaction des collaborateurs. Dans une organisation où les managers sont très présents et où les dispositifs RH étaient peu développés, à mon arrivée, nous avons réussi à obtenir des résultats concrets, une politique plus mature. Nous sommes aujourd’hui un point d’appui solide de consultation et d’accompagnement pour les salariés et les chefs d’équipe.

 

Un événement qui a bouleversé votre vie professionnelle ?

C’est une rencontre, celle avec mon mari. Lorsque j’avais 23 ans, un an après la fin de mes études, il m’a poussé à le suivre en Argentine, le sac à dos sur l’épaule. Je ne parlais pas un mot d’espagnol et j’ai dû apprendre la langue sur place. J’ai travaillé à Buenos Aires, en tant que consultante en recrutement et en formation. Cette expérience m’a ouvert l’esprit, m’a rendue plus adaptable et débrouillarde. Professionnellement, cela m’a également appris à chercher des clients. 

Cette rencontre a changé ma vie professionnelle et continue de le faire. Mon mari a souhaité trois fois que nous changions de cadre de vie, et à chaque fois, ces changements m’ont conduit à me remettre en question professionnellement. Ils m’ont également donné plus de liberté et de capacité d’adaptation. Ce sont des choix de vie qui ont, de fait, impacté ma vie professionnelle.

 

Le défaut que vous essayez de cacher au travail ?

Je ne suis pas sûre de réussir à les cacher ! (rires) J’ai une aversion aux conflits. J’ai tendance à être relativement conciliante, face à certaines situations difficiles. Je considère cela comme un défaut car cela peut m’amener à céder trop vite. 

J’ai aussi un côté foisonnant : je pars un peu dans tous les sens. J’ai l’habitude de lancer beaucoup de projets et j’aime m’intéresser à de nombreux sujets. Je m’y retrouve, mais je ne sais pas si c’est le cas de tout le monde autour de moi, notamment dans les équipes. J’essaie de réduire la voilure, de séquencer et de limiter les projets à lancer. Je m’oblige à ralentir.

 

La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?

Ma bienveillance. Je suis attentive aux uns et aux autres. Je m’assure que tout le monde aille bien. Je suis à l’écoute et je porte une réelle attention à mon équipe, tout autant qu’aux autres collaborateurs. 

 

Votre devise professionnelle ?

Il y en a deux, qui m’apparaissent comme complémentaires : “Mets du cœur à l’ouvrage”. « Construis ta maison sur du roc”. L’effort et l’engagement sont à la portée de tous, mais il faut y trouver du plaisir. Je suis convaincue que l’on ne peut rien obtenir sans effort. Certaines personnes pensent que le succès professionnel arrive de manière magique, mais je suis très terre-à-terre et je sais que cela nécessite de l’investissement et de la persévérance. C’est en mettant du cœur à l’ouvrage et en ayant une vision à long terme que l’on peut réellement faire bouger les choses. Pour moi, ce que l’on construit en matière de RH doit transcender notre propre présence et rester ancré dans la culture de l’entreprise et les réflexes de chacun.

 

Votre pain noir et votre pain blanc de décideur RH ?

Mon pain noir, c’est l’orientation très court-termiste de l’environnement dans lequel nous évoluons. Les choses sont de plus en plus versatiles dans notre société, et au travail, dans les RH, nous sommes souvent poussés à agir de manière court-termiste : nos actions doivent produire de l’effet, il faut que cela aille vite. Cette pression pour suivre les modes et les tendances peut nous éloigner de notre travail de fond, qui est essentiel dans nos métiers. Par exemple, tout ce qui concerne le bien-être au travail peut nous détourner de sujets importants comme la qualité du travail et les relations professionnelles. Nous pourrions facilement céder à cette tendance en menant des actions ponctuelles au détriment d’une réflexion stratégique plus approfondie.

Mon pain blanc, c’est le plaisir de voir l’énergie créatrice des collaborateurs. J’aime constater qu’en créant un environnement de travail propice, des idées innovantes émergent, ainsi qu’une vraie vie d’équipe. Voir toutes ces réussites et ces beaux moments au quotidien, voilà ce qui me remplit de satisfaction

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?

Il n’est pas très connu, mais il l’incarne véritablement pour moi : il s’agit du Dr Max Goodwin, dans la série médicale New Amsterdam. Dans cet univers, à mi-chemin entre Urgences et Grey’s Anatomy, j’admire ce héros, qui incarne par excellence le “servant leader”. Un manager qui se met à disposition du collectif, et de ses équipes. Son job, c’est d’être à la disposition des autres, pour les aider à être à la bonne place, à exprimer leur talent. J’adore sa posture dans la série : il demande à chacun en quoi il peut l’aider, et affirme qu’il est là pour le servir. C’est la seule question qu’il pose. Il n’est pas là pour trouver des réponses, mais pour aider, et répondre aux besoins de chacun, individuellement et collectivement. 

Le Dr Goodwin a aussi un projet ; une vision de comment il veut faire évoluer ses services hospitaliers. Il s’assure enfin que tout est mis à disposition (conditions et moyens) des managers et des talents, pour qu’ils puissent être au service de ce projet et de l’organisation. Dans la fonction RH au sens large, c’est ça notre job, à mes yeux : créer les conditions pour que chacun puisse mieux exprimer son talent, et fasse collectivement quelque chose qui a du sens, au service de l’autre (manager, collaborateur, client).

 

La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?

A mes yeux, l’excellent décideur RH construit une feuille de route à long terme (avec ses collègues du Comex) et porte une vision ; sa propre vision. Il sait travailler de manière collaborative, car il considère que son rôle ne peut être efficace sans intelligence collective. Il a une vision stratégique de son métier et ne se limite pas à gérer les aspects administratifs et les relations sociales de l’entreprise. Au contraire, il s’intéresse à l’impact que son travail peut avoir sur l’organisation et son environnement, et s’assure que sa politique RH est alignée avec la mission définie par l’équipe dirigeante. 

Enfin, l’excellent DRH est connecté avec son environnement externe. Il est attentif aux évolutions de la société et du marché dans lequel il évolue, afin de rester en avance et de traduire ces observations dans sa feuille de route ; tant au niveau organisationnel qu’humain.

 

Votre truc pour motiver vos troupes ?

Pour motiver mes collaborateurs, je pense qu’il est important de mettre de l’enthousiasme dans ce que l’on fait et de ne pas partager nos frustrations avec eux. J’essaie de rester enthousiaste et positive, autant que je le peux. Je prends également le temps de souligner les réalisations de chacun, lors de réunions d’équipe : nous avons tendance à nous focaliser sur le reste à faire, sans voir ce qui a déjà été fait. Il faut pouvoir se retourner derrière soi, se satisfaire et être fier de ce que l’on a accompli : en psychologie, on appelle cela le renforcement positif. 

Enfin, j’essaie de montrer à mes troupes que je suis à leurs côtés, et que je suis là pour les soutenir en cas de difficultés. Je m’efforce d’être positive et de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas seuls. Comme le Dr Max Goodwin, je suis là pour lever les freins qu’ils peuvent rencontrer.

 

Bio

  • Depuis 2017 : DRH du groupe Scalian (Paris/Toulouse)
  • 2012-2017 : DRH de PwC Expertise Comptable, puis Audit
  • 2008-2012 : Responsable RH chez PwC (Paris).
  • 2002-2008 : Responsable du recrutement et des carrières au sein des Laboratoires Pierre Fabre, à Toulouse.
  • 1999-2001 : Consultante en recrutement et en formation à la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Argentine (CCIFA), à Buenos Aires.
  • 1997-1998 : Chargée recrutement au sein du Crédit Agricole Consumer Finance (Paris).
  • 1992-1997 : Diplôme d’Etat de Psychologue, spécialisé en ressources humaines, à l’Ecole de Psychologues Praticiens (Paris).

 

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