Emmanuelle Germani débute sa carrière en 1995 chez Proxim Service, avant de rejoindre le conseil en ressources humaines de Publicis Consultants RH. En 2005, portée par sa curiosité et encouragée par ses pairs, elle choisit de se consacrer pleinement à la fonction RH. Elle amorce cette transition en tant que chargée de mission GPEC chez Atmel Corporation en 2006, puis devient HR Manager chez Avenir Telecom de 2007 à 2013. Elle poursuit ensuite son ascension chez Kaporal, où elle prend la direction des ressources humaines et élargit progressivement son périmètre, supervisant également la DSI et la RSE. Depuis 2024, Emmanuelle Germani est DRH RSE Groupe chez KP1, spécialiste français de la préfabrication béton, comptant 1 400 collaborateurs sur une vingtaine de sites en France. Parallèlement, en tant que Vice-Présidente Nationale de l’ANDRH, elle œuvre à faire évoluer la fonction RH et ses pratiques. Portrait d’une décideuse convaincue que l’avenir des RH repose sur l’agilité, la transversalité et une conduite du changement audacieuse.
Qu’est-ce qui vous a conduit à choisir la fonction RH ?
La curiosité et le goût de l’apprentissage ont guidé mon parcours. J’aime explorer de nouveaux domaines et relever des défis intellectuels. Après trois ans dans l’économie sociale et solidaire, j’ai évolué vers la communication RH, puis vers la fonction RH. Avec le recul, je réalise que l’humain a toujours été au cœur de mes choix. Ce qui me séduit dans ce métier, c’est sa polyvalence et son impact direct sur les organisations. La fonction RH est en perpétuelle évolution. Chaque DRH l’incarne différemment, et cette diversité de visions m’a confortée dans mon choix.
Percevez-vous une forme d’agilité dans votre approche ?
Oui, et cela me fait immédiatement penser à l’informatique ! En prenant la DSI chez Kaporal, j’ai rapidement clarifié mon rôle. L’équipe a d’abord été surprise de voir une DRH à sa tête. J’ai précisé que je n’étais pas là en experte technique, mais pour structurer le pilotage et fluidifier la coordination.
Inversement, cette immersion dans l’IT a alimenté ma réflexion et mes pratiques RH. J’ai intégré des méthodes issues de l’informatique, notamment l’approche agile, que je m’efforce d’appliquer désormais dans la gestion de projets RH.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans l’évolution de la fonction RH ?
Ce qui me frappe avant tout, c’est à quel point la fonction RH reflète les transformations sociétales. Elle évolue au même rythme que les grands bouleversements du monde.
Aujourd’hui, ces mutations s’accélèrent : évolutions démographiques, technologiques (avec l’IA notamment), télétravail et RSE… autant de tendances qui redéfinissent les politiques RH et renforcent leur rôle stratégique.
D’après vous, quel est aujourd’hui le plus grand défi que les professionnels des RH doivent relever pour répondre aux enjeux de demain ?
Les défis sont nombreux, mais s’il y a un enjeu qui se démarque, c’est bien la rapidité du changement.
Un DRH doit anticiper les mutations et leur impact en restant en veille constante. Le monde est plus incertain que jamais, les professionnels des RH doivent rester flexibles et réactifs face aux transformations actuelles et à venir, en ajustant les modes de travail, en adaptant les compétences, dans un environnement qui favorise la qualité de vie au travail et une culture respectueuse des diversités. Une vraie gageure !
Selon vous, quel rôle l’IA joue-t-elle dans la transformation des pratiques RH, et quelles opportunités majeures en découlent ?
Je ne perçois pas l’IA comme une rupture brutale, avec un avant et un après bien définis. Je l’appréhende plutôt comme une série de vagues technologiques qui s’installent progressivement et redéfinissent nos manières de travailler.
Je me méfie des discours trop alarmistes qui annoncent la disparition massive de certains métiers. Certes, l’IA accélère les transformations, mais celles-ci s’inscrivent toujours dans un cycle évolutif.
La réalité est plus nuancée, et l’IA peut être vue comme une opportunité dans de nombreux contextes. Elle automatise certaines tâches chronophages et permet aux RH de se recentrer sur l’essentiel, notamment l’accompagnement humain. Loin de le remplacer, elle peut renforcer le rôle du RH en libérant du temps pour l’écoute et l’échange.
Quelles compétences vous semblent aujourd’hui centrales pour réussir dans la fonction RH ?
Spontanément, je dirais la résistance au stress. Mais il est difficile de donner une réponse unique, car la la particularité de la fonction RH est qu’elle se distingue par la richesse et une grande diversité de compétences requises !
À titre d’exemple, la gestion de la paie demande de la rigueur et une solide maîtrise de la réglementation, tandis que les sujets de talent acquisition/marque employeur mobilisent des compétences en communication et en marketing. Mais s’il y a une qualité qui transcende toutes ces expertises, c’est le goût de l’humain. La fonction RH s’exerce avec conviction ! Impossible selon moi d’exercer ce métier sans une véritable passion pour les relations humaines.
Quelles sont vos clés pour maintenir la motivation et l’engagement de vos équipes au quotidien ?
Avant tout, il faut être impliqué soi-même. L’enthousiasme et l’énergie sont contagieux. Si je veux mobiliser mes équipes, je dois être la première à incarner cette dynamique, à donner envie de faire partie de l’aventure humaine que nous construisons ensemble.
Je crois profondément au collectif, au « tous ensemble ». Cela implique aussi d’accompagner les collaborateurs hors de leur zone de confort, de les encourager à relever des défis. Bien souvent, ils sont eux-mêmes surpris des résultats et en retirent une immense fierté.
Pour moi, l’engagement repose sur trois piliers : donner du sens, stimuler l’évolution et cultiver une dynamique positive dans le travail.
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Quelle serait votre devise professionnelle ?
Je vais vous donner la mienne, avec un peu d’humilité tout de même : « Agir avec justesse et équité, exigence et bienveillance. Mettre du cœur dans chaque décision. »
Une autre phrase m’accompagne au quotidien : « C’est ce que je fais qui m’apprend. » C’est un extrait d’une citation de Pierre Soulages que j’aime me remémorer.
Selon vous, à quoi ressemblera le DRH de demain, et quel rôle jouera-t-il dans la transformation des organisations ?
Je fais le choix d’adopter une vision optimiste. Le DRH deviendra un acteur incontournable. Son influence varie encore selon les entreprises, mais là où il est pleinement intégré aux décisions stratégiques, l’organisation fonctionne indéniablement mieux.
Un DRH est avant tout un ambassadeur des valeurs de l’entreprise. C’est un rôle exigeant mais qui repose aussi sur une solide expertise en gestion, réglementation et dialogue social. Ce qui fera la différence, c’est sa capacité à être un pivot au sein du COMEX, en lien avec la finance, l’IT, la RSE et le marketing. Le DRH de demain devra être un stratège et un facilitateur du changement, au cœur des transformations et de la transversalité des organisations.
Bio
- Depuis 2024 : DRH RSE Groupe chez KP1 et Vice-Présidente Nationale de l’ANDRH
- 2013-2023 : Directrice des ressources humaines en charge de la RSE et des systèmes d’information chez Kaporal
- 2007-2013 : HR Manager chez Avenir Telecom
- 2021-2024 : Administratrice du Lab RH
- Avril 2006 – Décembre 2006 : Chargée de mission GPEC chez Atmel Corporation
- 2005-2006 : Master en gestion des ressources humaines et management relationnel à l’IAE Aix-en-Provence
- 1998-2005 : Consultante chez Publicis Consultants RH
- 1995-1998 : Chargée des relations extérieures et du développement chez Proxim Services – Coorace