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Je trouve la fonction RH passionnante parce qu’elle est au cœur de tout. Bien souvent, elle se situe en aval, et comme un saumon qui remonte une rivière, le défi est alors de réussir à s’imposer comme un partenaire suffisamment fiable et privilégié pour agir en amont des politiques de l’entreprise ou de l’institution.

Tous les mois, nous partons à la rencontre d’un décideur RH. Découvrez son parcours, les mille facettes de sa personnalité, ainsi que sa vision de la fonction RH, au travers d’un portrait empreint d’humanité et d’authenticité.

Après des études de droit, Magalie Sabbah a intégré l’Institut Régional d’Administration de Lille, avec l’intention de faire carrière dans la fonction publique. C’est en rejoignant le rectorat de Paris comme chef du bureau de gestion collective des enseignants, qu’elle découvre l’univers des RH. Un univers dans lequel elle a souhaité continuer à évoluer, devenant par la suite directrice de la gestion des personnels et des relations sociales de l’Université de Bordeaux, puis directrice des personnels enseignants de l’Académie de Bordeaux. Depuis avril 2021, elle occupe la fonction de DRH de Bordeaux Métropole/ Ville de Bordeaux et CCAS de Bordeaux . Portrait d’une décideuse RH éminemment passionnée.

 

Pourquoi les RH ?

Initialement, je n’ai pas choisi ce métier. Je suis fonctionnaire d’Etat, j’ai fait des études de droit avec l’idée de travailler dans la fonction publique, puis je suis passé par l’Institut Régional d’Administration (IRA), qui forme les attachés de l’Etat. Ensuite, j’ai occupé un poste à l’Education Nationale, en tant que chef de bureau RH. Je m’occupais de l’affectation et du remplacement des professeurs des écoles de l’Académie de Paris, au rectorat. J’y ai découvert la GRH collective.

Je n’ai donc pas choisi la RH, c’est plutôt la RH qui m’a choisie. (rires) Et force est de constater que j’évolue toujours dans ce domaine, 15 ans plus tard. Pourquoi ? Parce que j’ai une appétence prononcée pour le management, et parce que c’est un domaine qui correspond à mon parcours en droit public. La matière RH me plaît parce qu’elle est très juridique. Plus on maîtrise le juridique, plus on est efficace et plus on peut jouer avec la boîte à outils. Et moi, j’aime jouer avec la boîte à outils RH : me confronter à une situation individuelle ou collective, et dans le silence des textes, rechercher ce qui correspond le mieux à la situation.

Je trouve la fonction RH passionnante parce qu’elle est au cœur de tout. Bien souvent, elle se situe en aval, et comme un saumon qui remonte une rivière, le défi est alors de réussir à s’imposer comme un partenaire suffisamment fiable et privilégié pour agir en amont des politiques de l’entreprise ou de l’institution. Afin de pouvoir trouver des solutions avant que les problèmes surviennent. Pour quelqu’un comme moi, qui aime la polyvalence, le challenge et l’innovation, la RH est idéale.

 

Votre plus grande fierté professionnelle ?

En 2009, après le rectorat de Paris, je suis parti à l’université Bordeaux 2, où je suis devenue chef de service RH. Or, 3 ans plus tard, il y a eu un projet de fusion entre Bordeaux 1, Bordeaux 2 et Bordeaux 4. J’ai été chargée de la coordination du domaine RH, et à ce titre, pendant les 3 années précédant la naissance de l’Université de Bordeaux (UB), ma mission a été d’assister les DRH des 3 universités et de travailler avec mes homologues des 2 autres universités, afin de faire converger nos politiques RH et d’harmoniser nos pratiques. Il s’agissait d’un chantier énorme. Je crois que je n’ai jamais autant travaillé de ma vie, mais c’était une expérience véritablement passionnante.

À 30 ans, je suis ensuite devenue directrice de la gestion des personnels de l’Université de Bordeaux, et là où j’ai eu le plus de satisfaction sur un projet RH, c’est lors de la mise en place d’un schéma directeur de l’emploi contractuel ; c’est-à-dire la politique de recrutement et de rémunérations, d’avancements, de départs et de valorisation des compétences des agents contractuels de l’université. A l’époque, juste après l’application de la loi Sauvadet (1), ces derniers ne savaient pas s’ils devaient demander à devenir titulaires ou rester en CDD. Il y a eu beaucoup de transformations de l’assise réglementaire durant cette période, et nous avons réussi à mettre en place un schéma contractuel très ambitieux, avec une vraie valeur ajoutée pour les contractuels.

 

Le défaut que vous essayez de cacher ?

En tant que manager et RH, mon principal défaut, c’est la spontanéité. Auprès de mes chefs successifs, tout au long de ma carrière, j’ai appris à me montrer plus pondérée dans mes réactions. Car celles-ci peuvent être parfois un peu vives. Et pourtant, j’ai beaucoup joué au poker quand j’étais jeune ! (rires) Mais la matière RH me passionne tellement que j’ai tendance à m’enflammer. Il peut s’agir d’une qualité, mais pas dans certains cercles de décision, d’arbitrage et d’analyse. Je travaille beaucoup sur cela. Mon défi quotidien est ainsi de réussir à contenir ma passion.

 

La qualité qui fait l’unanimité dans votre entourage ?

Outre le fait que je suis très sympathique (rires), je pense être un manager juste. Je fais des erreurs, comme tout le monde, et pour cette raison, je sais me montrer bienveillante, sans verser dans trop d’empathie. En tant que DRH, je suis fondamentalement convaincue de l’égalité professionnelle des agents : j’ai toujours traité de la même manière un président, un DG ou un agent de catégorie C (contractuel). Dans mes équipes, j’accorde aussi la même attention à mes agents contractuels / CDD qu’à mes directeurs. Car j’estime qu’un RH doit porter une attention égale à chacun.

 

Votre pain noir et votre pain blanc de décideur RH ?

Je ne serais peut-être pas très originale, mais ce que j’apprécie le moins, c’est l’administratif opérationnel et notre faculté à empiler des processus contraignants.. A contrario, ce que j’aime dans mon métier, c’est aller à la rencontre des partenaires RH (nos usagers, les managers, les collectifs, les agents), puis de leur trouver des solutions RH, et de les accompagner dans leurs projets de transformation. Par exemple, récemment, j’ai rencontré le responsable de la collecte des déchets de Bordeaux Métropole, qui mettait en place un nouveau plan stratégique. Ma plus-value, en tant que RH, consiste à mettre à sa disposition des outils auxquels il n’aurait peut-être même jamais pensé, afin de l’aider au maximum dans son projet. C’est ce côté “trouveur de solutions” qui me plaît le plus.

 

Le personnage de fiction qui incarne le mieux la fonction RH ?

J’en vois trois : l’inspecteur Gadget, MacGyver et Géo Trouvetou. Quand d’autres directions ou quand des agents interrogent la RH, c’est bien souvent parce qu’ils ont besoin de vous. Ils sont en quête de solutions. Le challenge, c’est de réussir à y répondre, concrètement, sur le plan opérationnel, en déployant sa boîte à outils, tout en ayant en parallèle une posture de visionnaire, qui essaie aussi de prédire les évolutions des métiers sur le long terme, et d’anticiper des actions stratégiques.

 

La différence entre un bon et un excellent décideur RH ?

Il faudrait plutôt définir ce qu’est un mauvais décideur RH, afin de tout faire pour ne pas lui ressembler. À mon sens, un mauvais RH ne sait pas trouver de solutions, et refuse de se poser en fonction support en remontant le courant jusqu’en amont de la rivière. A l’inverse, un bon décideur RH accompagne réellement les changements. On parle beaucoup de la conduite du changement, mais parfois, malheureusement, par manque de temps, de nombreux RH délèguent cette mission à d’autres – des spécialistes. Mais lorsque vous ne prenez pas vous-même les choses en main, cela crée inévitablement des zones de friction. Un bon décideur RH, c’est donc, à mon sens, celui qui accepte de se mouiller pour accompagner le changement.

 

Le collaborateur idéal, celui avec qui vous aimeriez travailler ?

Le collaborateur idéal, c’est pour moi celui qui ne fait pas que détecter des problèmes, mais qui trouve aussi des solutions. C’est aussi celui qui se permet, peu importe son niveau, de prendre des initiatives ; de me présenter un projet, et de se lancer. Les collaborateurs de ce type sont potentiellement nombreux, mais il faut juste leur laisser la liberté de le devenir.

 

Votre truc pour motiver vos troupes ?

J’ai remarqué qu’il existe un phénomène de mimétisme dans les équipes. Si vous vous montrez convaincu qu’un projet est innovant et apporte de la plus value et que vous ne pouvez que réussir en travaillant tous ensemble, alors la plupart de vos collaborateurs vont se sentir embarqués, par effet de mimétisme. Il n’y a pas de baguette magique, mais la meilleure façon de motiver ses troupes, c’est de les embarquer et de leur montrer l’exemple.

 

Le DRH du futur selon vous ?

Le DRH de demain sera nécessairement quelqu’un qui sortira de son bureau. Quelqu’un qui ne sera pas ancré dans la seule gestion des personnels. Quelqu’un de mobile et d’interconnecté, qui partira sur le terrain, au contact des différents métiers. Quelqu’un de très ouvert, capable de se balader un peu partout, dans toutes les directions, pour déployer ses antennes, animer ses équipes et trouver avec elles des solutions innovantes.

 

(1) La Loi du 12 mars 2012 dite “Sauvadet”, abrogée en 2018, avait pour objectif de faciliter l’accès à l’emploi permanent dans la fonction publique des agents contractuels. Sous forme de concours réservés, les agents en CDD, sous certaines conditions, pouvaient bénéficier d’un CDI sans passer par les concours de droit commun.

 

Bio

  • Depuis 2021 : DRH de Bordeaux Métropole
  • 2019-2021 : Directrice des personnels enseignants de l’académie de Bordeaux
  • 2014-2019 : Directrice de la gestion des personnels et des relations sociales de l’Université de Bordeaux
  • 2012-2013 : Chargée de coordination du domaine RH dans le cadre du chantier de fusion des universités Bordeaux 1, 2 et 4
  • 2009-2013 : Chef du service des personnels enseignants de Bordeaux 2
  • 2007-2009 : Chef du bureau de gestion collective du Rectorat de Paris
  • 2007 : Diplômée de l’Institut régional d’administration (IRA) de Lille
  • 2003-2004 : Maîtrise de droit public à l’Université de Montpellier

 

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